Frédérique Dolphijn et Annabelle Guetatra - Comme un air de tendresse au bout des doigts

Comme un air de tendresse au bout des doigts

Frédérique Dolphijn

Images Annabelle Guetatra

Esperluète Editions

118 pages

Janvier 2014

ISBN : 9782359840469

 

 

4ème de couverture :

Cent pas ou mille? à cette question, Cheyenne et Abeille opposent la même réponse, quelle importance.

Elles sont sœurs. Au gré des moments de la vie, elles s’éloignent, elles se retrouvent.

Elles sont femmes. Leurs chemins se construisent en parallèle. Leur vie se nourrit au terreau de l’enfance… chacune à sa manière…

 

Avec beaucoup de douceur et un brin de mélancolie, Frédérique Dolphijn esquisse des personnages entiers et passionnés, dont le corps et la sensualité affleurent.

Les peintures d’Annabelle Guetatra, légères et poétiques, traduisent cette sensualité des corps et la sensibilité qui les anime.

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Les éditeurs associés se sont joints à Libfly pour le bookcrossing du Festival Raccord(s). J’ai pu attraper au passage ce livre au titre à faire rêver.

Cheyenne et Abeille, quels drôles de prénoms pour ces deux sœurs (jumelles ?) ! D’ailleurs Granny s’est posée la question.

Abeille, professeur de braille, légère, virevoltante, éthérée, bénéficie d’une écriture plus primesautière. Cheyenne, infirmière, ancrée dans la réalité, est écrite en des termes plus solides. Et si tout ceci n’était qu’apparence, illusion ? Et si c’était l’inverse ?

Derrière tous ces mots, toutes ces phrases, il y a une grande tristesse, beaucoup de fragilité. La cassure ? Le décès de leur mère et d’autres fêlures.

Dans ce livre, pas de chronologie, mais des billets comme ceux que les deux sœurs pourraient s’écrire. Beaucoup de retours en arrière, non pas vers leur mère, mais auprès de Granny la Grand-mère. Cheyenne et Abeille sont des femmes entières, emplies de leur monde fait de tendresse, de sensualité, de sexualité.

Au début de ma lecture, j’ai essayé de résister et je ne comprenais plus ce que je lisais. Alors, j’ai décidé de lâcher prise, de voguer au rythme des mots, des phrases et là, je suis entrée dans l’univers de Frédérique Dolphijn. Les dessins d’Annabelle Guetatra, nus aussi impudiques que simples, naïfs, soulignent les paragraphes.

Un livre inclassable, plein de poésie, de mots doux, au rythme langoureux. Les madeleines du passé construisent le chemin qui les mène vers l’amour. Un livre, Objet Poétique, hors des sentiers battus.

"Les éditions Esperluète publient des textes et des images, réunissent des écrivains et des plasticiens, produisent des livres et les diffusent..."  Le monde des éditions Esperluète est très bien défini par cette phrase, trouvée sur la page de présentation de leur site. Une maison d’édition, très attrayante, que je ne connaissais pas.

Encore une jolie trouvaille due à Libfly, pourvoyeur de belles découvertes littéraires.

Maintenant ce livre va poursuivre son chemin vers d’autres lecteurs. Je l’aurais bien gardé pour pouvoir le relire, le re-feuilleter, le caresser.

Quelques extraits :

 

Depuis le jour du non cri, sa peau nue est un étouffement, une prison dénuée d’infinis.

Avec le temps, pense-telle, les choses devraient se tapir, peut-être s’oublier. C’est ce qu’elle espère, mettre le chagrin au fond d’une poche, en coudre les bords et enfermer le vêtement dans un placard aux lourdes portes.

Sa nuit recèle un secret.

Laisser le temps effacer de son disque dur la férocité. Laisser le temps effacer le souffle laid qui courts dans ses os. Ce morceau d’histoire bien réel qui ne s’évapore pas. Qui résiste à ses nouvelles mémoires.

La douleur ne veut pas de l’amitié de la nuit.

Qui se soucie de ceux qui y souffrent.

Cheyenne est habillée de blanc. Ses sous-vêtements aussi son blanc s. Elle aime ce blanc plein de promesse, le vide qui accueille le plein.

Où sont les mots ? Où restent es mots ? Où sont les mots ?
Non pas de cris, tu ne cries pas tu ne cries pas.
Que reste-t-il de la nuit ? Quelques heures.
Des mots non dits. Son histoire cachée.
Elle rentre telle une péniche qui atterrit dans l’univers de l’ombre.

Comment vais-je me réconcilier ? demande Abeille. Je suis devenue une femme cabossée. Je m’en veux de ne pas avoir crié, de ne pas avoir été au bureau de police.

Souillure.

Viol.

Cheyenne prend Abeille dans ses bras.

- Je m’en veux de me sentir sale. Je me sens coupable de ne plus m’aimer

Pas de pleurs presque pas de larmes. Un soupçon de pluie sur le carreau. Du chagrin à l’intérieur bien rangé.

Une promenade silencieuse de mots commence à naître.

Lorsqu’elle sort de l’immeuble, la pluie aboie sa soif de la rajeunir de quelques milliers d’années. Ses crépitements tigrent la danse de ses hanches, et l’odeur du ciel fanfaronne comme un essaim d’abeilles.

- Le petit chapeau du mot brûler, c’est comme un toit pour me protéger !

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A
Un livre qui a l'air inclassable, en effet.
Répondre
Z
Oui, mais c'est agréable de sortir du formatage de certains livres
L
ça a l'air bien joli... mais je crois que j'aurais un peu de mal à lâcher prise en ce moment...
Répondre
Z
Je ne suis pas à l'origine du voyage, regarde sur Libfly
L
bon on verra à la fin du voyage, quand tu en seras à la dernière...
Z
Il voyage, voyage, voyage...
L
Oui, je suis sûre que ça me ferait le plus grand bien... mais bon...
Z
Des fois, ça fait un bien fou
A
Le genre d'ouvrage qui embellit la journée ..
Répondre
Z
oui, même si j'ai quelque peu peiné à entrer dedans
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