Léonor de Récondo - Pietra Viva

  • zazy

 

Pietra Viva

Léonor de Récondo

Editions Sabine Wespieser

29/08/2013

ISBN : 9782848051529

 

4ème de couverture :

Michelangelo, en ce printemps 1505, quitte Rome bouleversé. Il vient de découvrir sans vie le corps d'Andréa, le jeune moine dont la beauté lumineuse le fascinait. Il part choisir à carrare les marbres du tombeau que le pape jules ii lui a commandé. Pendant six mois, cet artiste de trente ans déjà, à qui sa pietà a valu gloire et renommée, va vivre au rythme de la carrière, sélectionnant les meilleurs blocs, les négociant, organisant leur transport. Sa capacité à discerner la moindre veine dans la montagne a tôt fait de lui gagner la confiance des tailleurs de pierre.

Lors de ses soirées solitaires à l'auberge, avec pour seule compagnie le petit livre de Pétrarque que lui a offert Lorenzo de Medici et la bible d'Andréa, il ne cesse d'interroger le mystère de la mort du moine, tout à son désir impétueux de capturer dans la pierre sa beauté terrestre.

Au fil des jours, le sculpteur arrogant et tourmenté, que rien ne doit détourner de son œuvre, se laisse pourtant approcher : par ses compagnons les carriers, par la folie douce de Cavallino, mais aussi par Michèle, un enfant de six ans dont la mère vient de mourir. La naïveté et l'affection du petit garçon feront resurgir les souvenirs les plus enfouis de Michelangelo.

Parce qu'enfin il s'abandonne à ses émotions, son séjour à carrare, au cœur d'une nature exubérante, va marquer une transformation profonde dans son œuvre. Il retrouvera désormais ceux qu'il a aimés dans la matière vive du marbre.

 

L’auteur :

Née en 1976, LÉONOR DE RÉCONDO vit à Paris. Violoniste baroque, elle se produit avec de nombreuses formations, et avec L'Yriade, ensemble de musique qu'elle a fondé en 2004. Elle a également enregistré des CD et des DVD. Rêves oubliés (Sabine Wespieser éditeur, janvier 2012), régulièrement réimprimé depuis sa parution, a révélé une romancière exigeante dont la phrase juste et précise conduit le lecteur au plus près de ses émotions.

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Michel-Ange avait déjà fourni à Mathias Enard matière à un bon livre « Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants ». Ici, Léonor de Récondo, montre un aspect plus ascétique mais tout aussi bougon (le mot peut être parfois faible) et inspiré du sculpteur.

Michel-Ange, très troublé par la beauté de Frère Andréa, ne supporte pas sa mort et fuit, pour les carrières de Carrare, chercher le marbre sans défaut pour sculpter le tombeau du pape en exercice.

Michel-Ange reconnu par tous, appelé Maître avec beaucoup de déférence, est arrogant envers les autres, tourmenté par un monde intérieur. Il s’enferme en lui et se trouver au milieu de la carrière de marbre, des carriers lui procure une certaine quiétude.

Michele, petit orphelin va, petit à petit, apprivoiser le Maître. Michel-Ange va s’ouvrir, trouver une réponse à ses tourments intérieurs, aidé en cela par Cavallino et sa folie douce.

Nous suivons ces chemins, qu’ils soient intérieurs ou géographiques. Léonor de Récondo cisèle, sculpte, peint ses phrases, ses mots pour donner vie à la pietra viva.

Un roman émouvant et beau comme le marbre de la carrière, comme les paysages qu’elle décrit. Un roman à lire sans se presser pour en savourer la musique.

Livre lu dans le cadre organisés par que je remercie pour ce très beau roman.

Ma note : 18/20

 

Quelques extraits :

La curiosité des autres est décidément maladive.

A la carrière, il salue d’autres connaissances. Elles l’accueillent avec ce mélange de chaleur et de réserve qui leur est propre. Les carriers, travailleurs du marbre, sont toujours sur le qui-vive. Ils connaissent bien la montagne, mais ils savent aussi que, sans crier gare, elle peut leur jouer de mauvais tours et décider de se fendre sans tenir compte de leurs prévisions. Beaucoup d’entre eux sont morts parce que, comme ils le disent, la montagne ne se trompe jamais.

Michelangelo n’éprouve aucune nostalgie, aucune tristesse. Il est heureux d’être là, à tailler, lisser, polir. Se laisser happer par ce qui prend forme, ce qui se métamorphose. De la sienne, bien vivante, naît la main morte d’un autre. Une main qui, maintenant prise dans le marbre, conquiert son éternité minérale.

Il n’a jamais su pourquoi il avait tant besoin d’être seul, pourquoi cette incompréhension entre lui et le reste du monde le rassurait, le protégeait même.

Le sculpteur se sent, à cet instant, entièrement libre. Et lorsqu’il retourne vers la montagne qui, à quelques lieues de là, embrasse le paysage d’une joie insoupçonnée éclate en lui. La beauté miraculeuse de la nature alentour lui signifie que tout est possible, qu’en créant, il devient maître de lui-même et de sa force.

Ce n’est pas si compliqué de donner. Il suffit de faire comme la montagne : se laisser tomber.

Michelangelo n’avait, jusque-là, jamais serré aussi longtemps un enfant contre lui. Il est bouleversé par la fragilité de ce petit corps qui cherche à se blottir, qui ne demande qu’à s’abandonner, qui n’oppose aucune résistance à la force qui le protège. Michelangelo n’a jamais protégé personne avant. Il n’a vécu que pour lui-même, parfois ébloui par la beauté des autres, sidéré de désir en imaginant leurs corps nus.

 

 

 

 

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Y
je t'avoue n'en avoir jamais entendu parler et même être passé à côté de ton article sans le voir (ouh, j'ai honte)
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Z
Tu es pardonné
D
Oups mon commentaire n'est pas passé... Pour mon premier commentaire ici ...<br /> J'ai eu ce livre pour un parrainage de ce cette opération des matchs littéraires ! Cool je vais le lire avec plaisir ayant lu celui de Enard il n'y a pas longtemps !<br /> Bises et au plaisir
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Z
Un livre que j'ai beaucoup apprécié. J'espère qu'il en sera de même pour toi. J'attends ton commentaire
A
Je te sens sous le charme de cette écriture.
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Z
Oh oui
J
Le roman d'Enard et celui-ci sont deux livres que j'ai beaucoup appréciés.
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Z
Je te comprends
S
Je le note !
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Z
Tu peux
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