Philippe Claudel - Queslques uns des cent regrets

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Quelques uns des cent regrets

Collection Folio - 181 pages

 

4ème de couverture

 

" Elle portait des cheveux un peu plus longs que par le passé. Sa blondeur s'était mêlée d'argent. Son visage gardait la beauté simple qui en était la marque. A peine les rides l'avaient-elles tissé d'un mince réseau de blessures. Le temps s'était déposé en elle, avec sa fatigue et son poids, comme une poussière. Etaient-ce les années vécues sans la voir qui me faisaient la croire plus jeune qu'elle n'était en vérité ? " A la mort de sa mère, le narrateur revient sur les lieux de son enfance, dans une petite ville du Nord inondée par la crue d'une rivière. Durant les trois jours qu'il passera là surgissent les figures disparues, celle de la mère bien sûr, jadis aimée plus que tout, et celle plus inquiétante du père absent dont la légende dit qu'il est mort dans une guerre lointaine. Roman poignant où, par petites touches, Philippe Claudel explore l'amour filial avec une extrême délicatesse et une surprenante réserve.

 

 

16 ans sans revenir sur les lieux de son enfance et de son adolescence. 16 ans qu’il a chassé sa mère de sa vie. Maintenant, 16 ans après, il va assister à son enterrement.  Tout lui revient, surtout le secret de sa naissance « je suis né dans un très jeune ventre de seize ans … j’ai fait sombrer une enfant dans le monde des mères. Ma venue l’a fait glisser dans la nuit. La nuit de l’abandon et de l’étroite amertume.

 

La note de couleur est apportée par la robe aux cerises : « Elle était vêtue d’une robe que je connaissais bien, petite robe d’été aux motifs bouquets de cerises dont elle était jadis si fière », comme ce tableau, dont j’ai tout oublié, sauf cette trouée de lumière sous l’orage. Et bien, cette robe c’est cela : une trouée de bonheur dans la grisaille.

 

Philippe Claudel, tout en retenue et mélancolique nous parle des liens filiaux, de toutes nos lâchetés, le tout sans pathos. Sa description des personnages secondaires, de ces paumés, l’hôtelier,  le curé de la paroisse, nous les rend aimable. Par leur intermédiaire, il nous interpelle. Dure question que pose le curé : « Demandez-vous pourquoi votre mère est morte ! Cette question n’a cessé de me tarauder, une fois les draps tirés sur mes épaules et ma journée d’errance » Et Jos, l’hôtelier ruiné et alcoolique de lui sortir cette belle parabole : Et bien nous autres les hommes, quand on se blesse, ou qu’on blesse quelqu’un, nos perles à nous ce sont les regrets, on se fabrique de beaux regrets, et dans une vie, qu’on soit prince, cordonnier ou sénateur, nos regrets sont écrits sur un grand livre, un superbe livre avec beaucoup d’or et d’enluminures, Le livre des dettes qu’il s’appelle, ils sont écrits et comptés, et chaque fois qu’un regret est écrit, on pleure, on souffre en pensant à lui, mais ça nous donne la force d’aller vers le suivant, et ainsi se passe la vie, de regret en regret, comme un saute-mouton, la vie dans laquelle nous avons cent regrets, pas un de plus, pas un de moins, on peut faire des pieds et des mains, on n’aura jamais droit à plus de cent regrets. »

 

Le narrateur revient dans son village alors que l’inondation gagne du terrain et enserre le petit village. Est-ce une image, une métaphore, mais la crue enfle et inonde une grande partie du village jusqu’à l’enterrement de sa mère et, lorsqu’il accepte de ne pas ouvrir l’enveloppe, où elle a écrit : « Voilà ce que tu voulais tans savoir » la décrue arrive.

 

Une ode à l’amour maternel, un livre tout en délicatesse que j’ai beaucoup aimé lire et qui aura une place de choix dans ma bibliothèque, comme tous les autres livres de Philippe Claudel

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