Michèle Lesbre - Un lac immense et blanc
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Un lac immense et blanc
Michèle Lesbre
Editions Sabine Wespieser
Avril 2011
92 pages
ISBN : 978-2-84805-096-6
4ème de couverture :
« Je réinvente ma vie dans le désordre en mélangeant les temps, les lieux, les êtres chers, mais c’est tout de même ma vraie vie. Peut-être que cette journée est un cadeau plutôt qu’un empêchement et un rendez-vous manqué. J’attendais l’Italien, c’est Antoine qui est venu, dans le silence de la ville qui est une autre ville, lointaine et familière à la fois. » M. L.
Par un matin de neige, la narratrice attend dans une gare un homme qu’elle ne connaît pas : elle a envie de parler de Ferrare avec cet étranger qui, tous les mercredis matin, dans ce Café lunaire où ils ont leurs habitudes, évoque inlassablement sa ville d’origine. Elle a pris sa journée, mais l’homme n’arrive pas par le train habituel.
Dès lors le temps s’étire, en autant de fondus enchaînés que favorise la blancheur environnante : les grilles du Jardin des Plantes s’estompent, laissant place au « lac immense et blanc », noyé sous la neige de l’Aubrac, où Édith Arnaud vécut ses premières amours et ses premiers combats politiques. Elle n’a jamais revu Antoine, le jeune homme en colère qui, à l’aube des années soixante, voulait changer le monde. Sa silhouette traverse le récit et bientôt se superpose à celle de l’Italien du delta du Pô, dont les brumes hantent le paysage mental de cette femme rompue à l’usage du monde.
Le temps qui passe, la perte des illusions et les rendez-vous manqués ont pourtant éveillé en elle une joyeuse mélancolie. Témoin ses dialogues loufoques avec le corbeau freux du Jardin des Plantes… Dans le silence et la blancheur de cette journée particulière, la solitude a moins que jamais le goût des renoncements.
Entrelaçant fiction et expérience intime, Michèle Lesbre est, dans ce récit lumineux, au plus près d’elle-même.
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Parler du livre de Michèle Lesbre, c’est avant tout parler de l’atmosphère qui y règne.
Elle attend l’italien à la sortie du train. Pourquoi ? Une lubie, un besoin de toucher de près quelqu’un qui la rapprocherait de Ferrare ? Ce n’est même plus important.
Il lui reste donc à meubler cette journée de vacances, de vacance. Une journée entre parenthèses où La neige recouvre le parc. Sur l’écran blanc, elle imprime des souvenirs de neige en Aubrac lorsqu’elle était enfant. Puis arrive celui d’Antoine son amour d’adolescente, lui qui voulait changer le monde et qui a disparu du jour au lendemain. Le cheminement de la pensée l’amène sur les rives du Pô, à Ferrare, ville de sa reconstruction et donc à l’italien. Toute cette journée hors du temps sera propice à des retours dans le passé, mêlés de rêves et du présent.
Il n’y aucune nostalgie dans ce livre. L’atmosphère y est ouatée, douce comme le paysage qui l’entoure.
Ce récit n’a rien de nostalgique, l’atmosphère ressemble à celle que Modiano récréé dans ses livres.
Un livre très court, entre parenthèse, qui se lit avec grand plaisir où les parenthèses littéraires, et cinématographiques italiennes accompagnent sa promenade.